WARWARA PETROWNA in «Die Dämonen»

Partie I, Chapitre II - Le Prince Harry. Une demande en mariage. 

Barbara Pétrovna et Daria Pavlovna.

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BARBARA: Attends, tais-toi, ne te presse pas ! Sans doute, je ne t’oublierai pas dans mon testament, mais si je meurs, que deviendras-tu, même avec de l’argent ? On te trompera, on te volera ton argent, et tu seras perdue. Mariée à Stépan Trophimovitch, tu seras la femme d’un homme connu. Maintenant, envisage l’autre face de la question : si je viens à mourir, même en lui laissant de quoi vivre, — que deviendra-t-il ? C’est sur toi que je compte. Attends, je n’ai pas fini ; il est frivole, veule, dur, égoïste, il a des habitudes basses, mais apprécie-le tout de même, d’abord parce qu’il y a beaucoup pire que lui. Voyons, t’imagines-tu que je voudrais te donner à un vaurien ? Ensuite et surtout tu l’apprécieras parce que c’est mon désir, fit-elle avec une irritation subite, — entends-tu ? Pourquoi t’obstines-tu à ne pas répondre ? [...] C’est une femmelette, — mais cela n’en vaut que mieux pour toi. Une pitoyable femmelette, à vrai dire ; ce ne serait pas la peine de l’aimer pour lui-même, mais il mérite d’être aimé parce qu’il a besoin de protection, aime-le pour ce motif. Tu me comprends ? Comprends-tu ? [...] J’en étais sûre, je n’attendais pas moins de toi. Il t’aimera parce qu’il le doit, il le doit ; il est tenu de t’adorer ! vociféra avec une véhémence particulière Barbara Pétrovna, — du reste, même en écartant cette considération, il s’amourachera de toi, je le sais. Et puis, moi-même je serai là. Ne t’inquiète pas, je serai toujours là. Il se plaindra de toi, il te calomniera, il racontera au premier venu tes prétendus torts envers lui, il geindra continuellement ; habitant la même maison que toi, il t’écrira des lettres, parfois deux dans la même journée, mais il ne pourra se passer de toi, et c’est l’essentiel. Fais-toi obéir ; si tu ne sais pas lui imposer ta volonté, tu seras une imbécile. Il menacera de se pendre, ne fais pas attention à cela : dans sa bouche de telles menaces ne signifient rien. Mais, sans les prendre au sérieux, ne laisse pas cependant d’ouvrir l’œil. À un moment donné il pourrait se pendre en effet : de pareilles gens se suicident, non parce qu’ils sont forts, mais parce qu’ils sont faibles. Aussi ne le pousse jamais à bout, c’est la première règle dans un ménage. Rappelle-toi en outre que Stépan Trophimovitch est un poète. Écoute, Dacha : il n’y a pas de bonheur qui l’emporte sur le sacrifice de soi-même. Et puis tu me feras un grand plaisir, et c’est là l’important. Ne prends pas ce mot pour une naïveté que j’aurais laissé échapper par mégarde ; je comprends ce que je dis. Je suis égoïste, sois-le aussi. Je ne te force pas, tout dépend de toi, il sera fait comme tu l’auras décidé. Eh bien, parle !

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