Seite 4 von 7
Acte III, Scène II
Hermione, Léonte et un officier de la cour.
Buch kaufen
HERMIONE: Seigneur, épargnez vos menaces ! — Cet épouvantail dont vous voulez m’effrayer, je le cherche. — Pour moi la vie ne peut plus être un bien. — La couronne, la joie de ma vie, votre faveur, — je la considère comme perdue, oui, je sens qu’elle m’a échappé, — mais j’ignore comment. Ma seconde joie, — le premier né de mes entrailles, on me refuse — sa présence, comme à une pestiférée ! Ma troisième consolation, — venue au monde sous la plus funeste étoile, ma fille, la voilà, — le lait innocent encore humide sur ses lèvres innocentes, — traînée de mon sein à la mort ! Moi-même à tous les poteaux, — je suis proclamée prostituée ! Une indécente haine — me refuse les privilèges d’une accouchée, qui appartiennent — aux femmes de tout rang, et me voilà, enfin, jetée — ici, à cette place, en plein air, avant — d’avoir repris mes forces. Maintenant, monseigneur, — dites-moi quelles félicités j’ai dans cette vie, — qui doivent me faire craindre de mourir ? Poursuivez donc ; mais écoutez encore ceci : Ne me méjugez pas !… La vie, non, — je ne l’évalue pas à un fétu ; mais, mon honneur, — je veux le justifier ! Si je suis condamnée — sur des soupçons, sans autres preuves — que celles qu’éveille votre jalousie, je vous dis — que c’est rigueur, et non justice… (Aux assesseurs.) Toutes vos seigneuries m’entendent, — je m’en réfère à l’oracle : — qu’Apollon soit mon juge !