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Acte IV, Scène XV
Cléopâtre et le corps d’Antoine.
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CLÉOPÂTRE: — Je ne suis plus qu’une femme soumise — aux mêmes passions misérables que la laitière — qui fait la plus humble besogne… Je devrais jeter mon sceptre à la face des dieux injurieux — en leur disant que ce monde valait le leur — avant qu’ils nous eussent volé notre trésor. Tout n’est plus que néant : — la patience est sottise et l’impatience — est bonne pour un chien enragé… Est-ce donc un crime — de s’élancer dans la secrète demeure de la mort, — avant que la mort ose venir à nous ? Comment vous trouvez-vous, femmes ? — Allons, allons, bon courage !… Eh bien, Charmion ! — Mes nobles filles !… Ah ! femmes, femmes ! voyez, — notre flambeau est consumé, il s’est éteint… (Aux gardes restés en bas.) Du courage, mes bons amis ! — Nous allons l’ensevelir, et puis, l’acte vraiment brave et vraiment noble, — nous l’accomplirons à la grande façon romaine, — et nous rendrons la mort fière de nous obtenir. Allons, sortons : — l’enveloppe de ce vaste esprit est déjà froide. — Ah ! femmes, femmes, nous n’avons plus pour amis — que notre courage et la fin la plus prompte. (Elles sortent, emportant le corps d’Antoine.)